Saison 2005-2006 " De broers Geboers"
Auteur: Arne Sierens
Adaptation : Leo Behaegel
Mise-en-scène: Roland Delannoy
« Les frères Geboers », c’est le titre d’un drame social, écrit par Arne Sierens et créé en 1998 par le Théâtre Nieuportois de Gand. La pièce décrit la situation tragique d’une famille marginale plongée dans ce cercle vicieux qui semble être le destin de tant de gens vivant en marge de la société. Le récit est d’une crudité presque grotesque et en même temps les personnages sont attendrissants en pleins d’humour. Ce sont des gens que nous connaissons tous et qui nous rappellent les meilleurs moments du vrai théâtre populaire.
Marnix, l’un des frères Geboers, sort de prison et apprend que sa femme l’a trompé. Il va demander l’hospitalité à mémé, où il retrouve son frère cadet, Ivan, habillé en femme. Leur mère est à l’hôpital et leur maison est déclarée insalubre après qu’un camion ait défoncé la façade. Ainsi la toute petite maison de mémé devient presque un centre d’accueil social, car Noël, leur père, qui (il y a très longtemps) avait quitté sa femme et ses fils pour aller vivre avec une autre femme, surgit. Quand Andreï, un citoyen d’origine russe, vient s’installer à son tour la situation déjà explosive devient intenable. Carine, l’ex-femme de Marnix Geboers, qui sort du même milieu, se tient discrètement au courant et à distance elle jouit malicieusement du débâcle.
Dans le bimensuel « De Bond » Tuur Devens a écrit : «Les frères Geboers et leur entourage se débattent comme des chiens enragés. Ils sont grotesques et en même temps ils ont un humour très particulier. Le rire n’est jamais très loin grâce au langage, aux costumes, à la mise en scène, au jeu des acteurs et aux nombreuses péripéties. Mais le fond reste tellement tragique, tellement touchant et tellement humain. Que faut-il de plus pour faire due bon théâtre ? » Et c’est précisément ce que le « Théâtre populaire pour la Flandre française de Flor Barbry » recherche depuis 50 ans !!
L’auteur et ses personnages
Arne Sierens nous parle des personnages de sa pièce : « Je les connais. J’ai grandi au milieu d’eux à la Porte de Bruges à Gand. C’est un quartier ouvrier totalement appauvri. Pour moi, les habitants ne sont pas seulement des pauvres. Ce sont des gens qui ne vivent pas : ils « sont » vécus et ils survivent tant bien que mal. Ce ne sont pas des héros tragiques confrontés aux dieux. Ce sont des êtres humains à la recherche d’une identité perdue. Au premier abord ils provoquent le rire. Mais c’est un rire voilé d’une immense tristesse. Je les connais bien. Ils habitaient dans mon quartier… un quartier si sombre qu’il incitait maintes fois au suicide. »
« A l’école je fréquentais des enfants de Latem-Saint-Martin. C’est alors que j’ai compris : il y a des gens qui ont mal aux dents et qui vont se faire soigner chez le dentiste. Dans mon quartier, on ne va pas voir le dentiste… on souffre… on a les dents pourries et on les perd avant l’âge. Pourquoi est-ce que ceux qui habitent ces quartiers pauvres vivent moins longtemps que ceux qui jouissent d’une vie aisée comme à Latem-Saint-Martin ? Moi, je sais ! Cette constatation m’a complètement bouleversé et je ne parviens pas à la chasser de mes pensées.
Pouvez-vous vous imaginer toute une rue où des gens habitaient dans des « souterrains » inondés chaque hiver ? Les murs restent toujours humides et couverts de moisissure. Et pourtant ces taudis étaient toujours habités, tout simplement parce qu’il n’y avait aucune autre possibilité financièrement abordable. Pendant quarante ou cinquante ans toutes les plaintes contre les propriétaires ont été classées sans issue. L’attitude dénigrante des quartiers plus riches envers ces gens était carrément choquante. Et ça ne s’arrête pas là : la manière dont les instances publiques telles que les syndicats et les C.P.A.S. traitent ces gens témoigne souvent d’un dédain et d’une grossièreté inacceptables. Quand on est dans le besoin, on ne peut pas compter sur beaucoup de monde !! »